L’avortement : c’est un droit qu’on croyait acquis. Pourtant, partout en Europe, il est aujourd’hui contesté. De nouveaux militants, mieux organisés, essaient de faire bouger les lois et les mentalités. Comme hier, ils refusent que les femmes disposent de leur propre corps.
Elle s’appelait Valentina. Elle est morte parce que des médecins ont refusé l’avortement qui aurait pu la sauver. Un drame d’un autre temps, qui a pourtant eu lieu l’an passé, en Italie. Là-bas, l’avortement est légal depuis 40 ans, mais une majorité de gynécologues refusent de le pratiquer pour des raisons éthiques.
Il y a de nombreuses façons de s’attaquer au droit à l’avortement. À découvert, ou en coulisses. En jouant sur la procédure, ou bien sur la propagande. Le film « Avortement en Europe, un droit en danger » dessine une carte d’Europe inquiétante, celle des pays où les anti-avortement passent à l’action.
Cette nouvelle génération de militants essaie de revenir sur la loi, dès que c’est possible, comme en Espagne, au Portugal ou en Pologne. En Hongrie, c’est même la Constitution qui a été modifiée en faveur de ces « pro-life » auto-proclamés.
En France, les nouveaux soldats anti-avortement ont déplacé le champ de bataille vers les médias et les réseaux sociaux. Ils mènent une offensive culturelle pour infléchir l’opinion.
Autant de combats qui se rejoignent à l’échelle européenne. Tous les anti-avortement sont partis à l’assaut de la forteresse Bruxelles. Un lobbying intense s’y exerce, avec des méthodes aussi efficaces que discrètes.
Pour cette guerre tous azimuts, il faut de l’argent. Les anti-avortement peuvent compter sur de puissants parrains étrangers, en Russie et aux États-Unis. C’est une internationale puissante et déterminée que met au jour le documentaire d’Alexandra Jousset et Andrea Rawlins.
En Europe, la trêve est rompue. Et sur le front de l’avortement, il y a de nouvelles victimes. Valentina, Kata, Natalia : elles sont Italiennes, Hongroises, ou Russes. Elles paient de leur vie, de leur santé, ou de leur liberté cette adversité renaissante qui, comme hier, s’en prend au corps des femmes.
Il y a 70 ans, Simone de Beauvoir avait eu ces mots prophétiques : « n’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant ».
Nous y sommes.