« Blousons noirs » l’expression a gardé toute sa force évocatrice, où le cuir, la violence et le rock’n’roll s’allient pour raconter une époque située dans les années 50 et au début des années 60.
Il suffit du vrombissement de quelques motos sur une route de campagne et d’hymnes rock pour plonger 50 ans en arrière… Un âge d’or, celui de la France des trente glorieuses, insouciante et heureuse, seulement perturbée par les excès d’une jeunesse turbulente, et de ses avatars les plus violents : les blousons noirs.
Ils s’appelaient Patrick, Jean-Pierre, Gérard… Tous avaient entre 15 et 16 ans, ils ont flirté avec la délinquance juvénile. Ils ont fait peur à la société, bousculé ses certitudes, refusé ses codes. Une révolte qui ne revendiquait rien ; Une rébellion qui ne défendait aucune cause. Leurs idoles sont James Dean, qui s’est tué en pilotant sa Porsche, Gene Vincent, Eddie Cochran et le francophile Vince Taylor.
L’économie française est florissante et sa démographie explose. Les jeunes n’ont pas connu l’occupation. ils sont nés avec la victoire. Ils sont agités, bruyants, effrontés. Et pour les plus durs d’entre eux, les blousons noirs, provocateurs. Entre 1959 et 1963, la presse régionale est pleine de faits divers, mettant en avant ces bandes de jeunes garçons dévoyés, violents, voleurs, violeurs, même. Une jeunesse qui semble avoir perdu tous les repères moraux, se moquer de tout, ne croire en rien.
Pendant plus de 10 ans, les « blousons noirs » ont provoqué une véritable panique dans l’hexagone, déclenchant une phobie sécuritaire. Bagarres, voitures bousillées ou brûlées, tournantes, casseurs infiltrés dans les manifestations, affrontements entre bandes rivales, tribus rock, Ultra violence.
Fin 61, des bandes venues de banlieue dévastent le Palais des Sports. Le coup de grâce est donné le 22 juin 1963. Un concert organisé par « Salut les copains » vire à l’émeute. Les Blousons noirs sont pointés du doigt. C’est la fin des loubards en cuir noir, les yéyé prennent leurs distances avec ces révoltés… La culture « blouson noir » s’effondre. Mais au bout du compte, ils n’ont pas été si terribles, le niveau de cette délinquance juvénile est loin, très loin d’atteindre celui des années de l’immédiate après guerre.
Alors qu’au quartier Latin en 1968, les pavés voleront dans les banlieues périphériques, de jeunes adolescents continueront à s’ennuyer et à flirter avec la marginalité violente. Ils s’appelleront tour à tour loubards, zoulous ou racailles.Et leurs aînés, passés de l’autre côté du miroir, les regarderont sans toujours les comprendre.
Jean-Paul mènera une vie d’errance avant de devenir animateur radio et écrivain. Patrick reprendra ses études, et se consacrera, lui aussi, à l’écriture. Quant à Gérard, il attendra l’âge de la retraite pour reprendre là où il l’avait laissé quarante ans plus tôt son rêve d’adolescent : devenir chanteur de rock.